LES FUSILLES POUR L’EXEMPLE
Suite à la mutinerie provoquée par les unités combattantes au Chemin des Dames, en ce printemps 1917, un millier de ces hommes furent condamnés sur quelques 20000 mutins. 118 furent condamnés à mort dont 27 exécutés (une cinquantaine, selon sources). Il y en aurait eu beaucoup plus, au cours des quatre années de guerre. On note qu’il y avait parmi ces condamnés, des condamnés de droit commun. (peut être pour se donner bonne conscience). Ces fusillés ont été choisis au hasard, sans aucune enquête sur leur éventuelle implication dans la mutinerie. Cela doit être précisé. Leur honneur à été souillé du simple fait d’avoir été placés devant le peloton d’exécution composé, il ne faut pas avoir peur de le dire, de camarades de combat. Ces militaires, chargés de cette triste besogne n’ont pas, pour certains, eu beaucoup de temps pour ruminer cette profonde injustice, ayant, dans les jours qui ont suivi, dû monter à l’assaut des forces ennemies. Bien sûr, il va sans dire que tous n’en sont pas forcément revenus vu les circonstances dans lesquelles les attaques étaient lancées. S’il y eut des survivants, ils ne devaient pas oublier de sitôt ces exécutions inhumaines, ajoutées à l’horreur de la guerre. S’ils étaient encore du monde, ils ne penseraient, certainement pas avec la même désinvolture que ceux qui se permettent de juger une poignée d’hommes qui a eu la malchance de marquer l’histoire à jamais.
Je ne reviendrai pas sur ces combats meurtriers où les hommes savaient ce qui les attendait et ne se faisaient pas d’illusion quand au retour à l’arrière qui ne devait pas avoir lieu pour la plupart d’entre eux. Pensons, aussi, aux artilleurs qui avaient ordre de tirer sur les tranchées françaises afin d’obliger les soldats a en sortir pour monter à l’attaque, malgré le danger flagrant. Que pouvaient-ils faire face à un ennemi solidement retranché, bien à l’abri des balles et aussi des obus français. Ils savaient pertinemment que cela ne leur apporterait que l’honneur d’avoir leur nom inscrit sur le monument aux morts de leur village…
Ici, une question s’impose : Pourquoi n’a-t-on fusillés « que » quelques hommes ?
Il y à là, plusieurs réponses : Premièrement, cela aurait demandé trop de temps pour exécuter tout un régiment, avec les inhumations que cela aurait entraîné. Deuxièmement : On en avait besoin de ces hommes pour les envoyer au front comme on envoie du bétail à l’abattoir.
Pourquoi le général (qu’il était à l’époque), Pétain a réussi là où son prédécesseur avait échoué ? Peut-être pas tout à fait, après tout, ces nombreux morts ont peut-être préparé, malgré eux, la victoire qui revient au général Pétain ? Ce dernier a, sans doute eut plus de considération pour ses hommes, autrement qu’en chair à canon, sortant, lui-même, de l’enfer de Verdun.
Ces fusillés pour l’exemple, je ne vois toujours pas pourquoi, eux seuls sont bannis. Ils n’avaient, peut-être même pas commandé la mutinerie. Ils ont, ainsi que cela s’est passé à Souain, quitte à me répéter, sûrement été choisis au hasard. Alors pourquoi eux plus que d’autres ? On honore ceux qui ont donné leur vie pour la France, s’ils n’avaient pas été passés par les armes, ils auraient eu droit aux honneurs, eux aussi.
Je n’ai peut-être pas le niveau intellectuel de ces personnalités qui les dénigrent aujourd’hui, mais en fouillant un peu on trouve certains détails qui ne méritent pas l’oubli qu’on leur accorde.
Un jour, un Premier Ministre, lors de sa visite à Craonne, avait lancé une phrase qui avait fait scandale à l’époque. Il avait osé parler de « réhabilitation ». Quoique n’étant pas toujours d’accord avec sa politique, beaucoup de personnes avaient approuvé son point de vue qui était tout à son honneur.
Une question encore : Pourquoi cette poignée d’hommes est-elle passée, en l’espace de quelques heures de héros en renégats ? Ils n’étaient pas plus déserteurs que leurs camarades !
Pour qui n’a pas vécu la guerre en y participant, un jugement trop hâtif est, à mon point de vue, à éviter.
Encore une question, (encore une) Si ce genre de guerre avait lieu de nos jours, c’est-à-dire, presque un siècle plus tard : Est-ce que l’esprit patriote serait aussi vivace ? Au lecteur d’apprécier… Il n’y aurait certainement pas suffisamment de pelotons d’exécutions, ni de munitions… Alors, grâce pour ceux dont il est question ici.
On est obligé de penser, à cette occasion, au vainqueur de Verdun et, bien sûr, du Chemin des Dames, qui subit la disgrâce d’être accusé d’avoir «vendu » la France ce fatidique 17 juin 1940 et ensuite sa collaboration avec l’occupant. A mon point de vue, il n’est pas du tout sûr qu’il soit le seul blâmable ou surtout, dans quelle proportion. Son vice président du Conseil, tout d’abord, puis devenu, les dernières années de l’occupation, Chef du Gouvernement de Vichy, se chargeait volontiers de sa tâche répréhensive vis-à-vis des français au profit des allemands. Que pouvait faire le Maréchal (devenu un vieillard) face à un « bras droit » aussi ignoble dans ses actions.
Etant né en 1856, imaginons l’âge qu’il pouvait avoir en 1940. Regardons autour de nous, les hommes qui ont l’âge qu’il avait au moment des faits, on les manipule comme des êtres irresponsables. De toutes façons, si cela avait été un homme à poigne, Hitler qui avait tous pouvoirs en la matière, se serait empressé de le remplacer.
Voici, en quelques lignes, mon avis concernant les graves injustices que l’état de guerre peut engendrer. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces époques tourmentées qui, avec les années, sombreront inexorablement vers l’oubli.
A.D. 08 / 05 / 08