Saint-Gond
Ou l’histoire d’un monastère.
En 660 venant de Normandie et après maintes péripéties à travers l’Ile de France, arriva à Oyes, un bon Moine, nommé Gaond, neveu de Vandregesil- Wandrille accompagné de quelques disciples. Ils s’installèrent dans une zone boisée des marais.
Ils édifièrent, tout d’abord, une église avec des arbres abattus, qu’ils dédièrent à Saint Pierre. Ensuite ils construisirent leurs huttes personnelles et enfin, les bâtiments communs nécessaires à l’étude et aux travaux de défrichement et de culture.
Ce monastère fut pillé et brûlé par les normands commandés par un dénommé Hastingue qui ne respirait que le feu et le sang.
Sentant l’âge et la fatigue venir, Gaond, laissant son monastère en de bonnes mains, se retira dans une cabane au bord des marais où il mourut après une vie pure et profondément religieuse. Le peuple des environs le désigna parmi les bienheureux et l’église ratifiant la voix du peuple, le canonisa.
En 959, Eve, une sainte femme, sœur de Valderic archevêque de Reims et d’Alberon évêque de Metz, fit rechercher le corps de Saint-Gond que les moines avaient pieusement caché lors des invasions, le fit mettre en châsse et rebâtit le monastère dans lequel elle mit bon nombre de religieux puis fit consacrer l’église en l’honneur de Saint-Gond.
Vers 1576 l’Abbaye était dotée de larges fossés derrière lesquels se dressaient de hautes murailles encadrant un pont-levis et les habitants des villages environnants s’y sentaient en sécurité avec leur bétail lors des fréquentes attaques des Huguenots
Ce type de construction se révéla être une arme à double tranchant car, assiégés les moines durent céder la place aux ligueurs venus les assaillir et les obliger à fuir sous leurs coups. Bien protégés derrière ces hautes murailles, ces traîtres en profitaient pour effectuer avec force vols et larcins.
En 1592, il fallut l’autorité du gouverneur de Châlons qui dépêcha une armée avec canons pour déloger les pillards.
Ordre fut donné de raser Saint-Gond.
En 1594, quand les moines revinrent, il ne restait aucun logement et les terres étaient en friches. Ils se mirent courageusement à l’ouvrage et réparèrent les dégâts causés par les évènements. Cependant, les ligueurs ne sont pas très loin ; ils se sont de nouveau fortifiés à quelques kilomètres de là : à Chatillon, dans un château qui appartenait à Florestant de Bethune seigneur de Congy. Il fallut, là encore, la menace des canons pour les inciter à se rendre et la forteresse fut elle aussi, rasée.
En 1617, une bande de partisans commandée par un sieur Corberon investit de nouveau Saint-Gond et s’y installa. Pour vivre le sieur Corberon organise un système de réquisition dans les villages voisins. Il envoya même chercher des munitions et des vivres jusqu’à Péas et ce, au nom du Roy !
Suite aux plaintes des habitants de la région, ce fut une milice Sézannaise qui fut mandée pour nettoyer la place et, de nouveau, ordre fut donné de raser Saint- Gond
Ce fut la ville de Sézanne qui fit les frais du siège et de la démolition de Saint-Gond.
L’église épargnée par les faits de destruction subsista jusqu’au début du XIXe siècle où, étant plus ou moins en ruines, elle fut définitivement rasée en 1810.
La châsse et les reliques de Saint-Gond avaient été, depuis longtemps transférées en l’église Saint Genest de Oyes où elles se trouvent encore aujourd’hui.
C’est aussi, à peu près, au début du XIXe siècle que fut construit le prieuré qui abrita, encore, pendant de longues décennies, quelques moines qui, outre les durs travaux de la terre venaient prier en l’église de Oyes en empruntant la sente appelée, encore aujourd’hui, la sente aux Moines.
Vers 1890, le prieuré fut habité par l’abbé Millard qui y a médité et beaucoup écrit jusqu’après la guerre de 1914-1918.
Il y à environ une vingtaine d’années ce prieuré enfin, ce qu’il en restait fut rasé pour laisser la place à une nouvelle construction digne des siècles d’histoires que l’endroit à connu.
- Propriété privée-
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Le calvaire
Sur le bord de la route qui conduit au prieuré à peu près à mi-chemin de Oyes à celui-ci on remarquera le calvaire.
Cette stèle massive surmontée d’une simple croix de bois aurait nous disons bien, aurait été édifiée à l’emplacement de la sépulture d’où furent exhumés les reliques conservées dans l’église de Oyes.