LE BOMBARDEMENT DE MAILLY

 

Une importante concentration de matériel militaire allemand se trouvait au camp de Mailly, en ce jour de mai 1944, dans l’attente d’un prochain départ vers les côtes de la Manche où une certaine vigilance s’imposait en prévision d’un éventuel débarquement des alliés qui eut lieu, effectivement, un mois plus tard. Se trouvaient là des chars de combat, ainsi que de l’artillerie lourde accompagnés de leurs équipages ou serveurs.   

Dans la nuit du 3 au 4 mai, un roulement continu devait tirer du sommeil la population des villages environnants le camp, ainsi que ceux se trouvaient sur le passage des avions anglais car c’était, bien sûr, d’eux qu’il s’agissait. L’intensité était telle que la plupart des habitants étaient sortis dans la nuit pour essayer de comprendre ce qui se passait.

Bientôt des fusées éclairantes éclatèrent à l’horizon et le bruit d’un bombardement vint jusqu’à nous. Nous avons tout de suite pensé à Mailly qui se trouve à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau de chez nous. Cela dura de longues minutes.

Des témoins nous ont narré le cauchemar qu’ils ont vécu cette nuit-là. Le bombardement s’est déroulé avec une telle violence, que la population civile était terrorisée. Certaines familles avaient quitté leur maison et s’étaient enfuis dans la nature pour ne pas risquer de se faire ensevelir au cas où celle-ci aurait été touchée. D’autres avaient assisté au bombardement, terrés dans un frêle (!) abri de jardin.                          

Avec les fusées, semblables à celles lancées à l’occasion de la Fête Nationale, la luminosité était semblable à celle du jour. Malgré cela, des bombardiers gênés par la D.C.A., rataient parfois leurs objectifs. Pour cette raison, aux victimes militaires s’ajoutèrent des civils dont les maisons avaient subi le bombardement.

Quelques jours auparavant, des avions anglais avaient, à très haute altitude, survolé le site en dessinant à l’aide de fumées blanches, les mots suivants : 3 mai 1944.Personne, parmi la population civile, n’avait compris le message. Peut-être, des morts auraient-elles pu être évitées.

La plupart des bombes larguées (toujours d’après les témoignages de ceux qui ont vécu le bombardement), étaient des bombes soufflantes qui ont eu pour effet de projeter les chars les uns sur les autres.

Il y eut des pertes parmi les bombardiers, causées par la D.C.A. Dans le feu de l’action, si l’on peut dire, deux de ces appareils se seraient heurtés en plein vol avant de s’écraser au sol.

De là à penser que ces deux  appareils soient tombés sur le territoire de Dommartin-Lettrée,  expliquerait le nombre de noms mentionnés sur les stèles se trouvant dans le cimetière de cette commune.

A Normée, une petite commune à quelques kilomètres de là, figurent aussi les tombes des cinq membres de l’équipage d’un avion tombé ce même jour de mai 1944.

Ne connaissant que ces deux localités dans ce cas, je pense qu’il doit y en avoir d’autres dans la région.   

 

 

2007 / 11 / 15  A.D.

 retour