LA FAUX
(ou faulx, ainsi qu’on l’orthographiait autrefois)
Je suis sûre que certains se demandent à quoi pouvaient bien servir ces engins accrochés, en forme de fleur après cette porte de grange ?
Eh bien, moi je vais vous le dire : Ce sont des faux qui ont entre cinquante et cent ans, peut-être même plus !
Autrefois, la plupart des travaux s’effectuaient à la main. La mécanisation n’existait pas.
Les premières faucheuses apparurent, seulement après la première guerre mondiale.
Ce furent tout d’abord, les faucheuses de « vert », ainsi qu’on les nommait. Comme leur nom l’indique si bien, elles servaient à faucher l’herbe que l’on laissait sécher au sol avant de la rentrer sous forme de foin dans le fenil que dans nos régions, on appelait plus vulgairement cinat.
A l’approche de la moisson, on fixait à la barre de coupe, une clayette, constituée de lames de bois, qui recevait la céréale, que le conducteur de l’engin, devait, d’un preste coup de baguette, faire tomber au sol la javelle qui était ensuite liée par la personne qui suivait, avec un lien pour devenir une gerbe ensuite dressée en tas appelés meulottes.
Avant ce balbutiement de la mécanisation, les foins tout comme la moisson, étaient récoltés à l’aide de faux !
Les parcelles ne couvraient, heureusement, pas la superficie que nous connaissons aujourd’hui. Pour certaines, plusieurs fois divisées au hasard des partages effectués dans les familles, elles ne mesuraient guère plus de trois ou quatre mètres de large ! A l’époque on mesurait les parcelles en « denrées » ou « perches » ou encore en arpents on parlait rarement d’hectares !
On ne courait pas après ces hectares comme à notre siècle !
Je me souviens avoir vu mon grand-père faire la moisson de cette façon, avec ma grand-mère, coiffée de son bagnolet, faire les liens qui lui servaient a lier les bottes.
Pour en revenir à nos faux, exposées là haut, comme je connaissais Marcel pour sa passion des objets anciens, je lui ai fait cadeau de toutes celles découvertes lors du rangement à mon arrivée à la maison. Je lui ai apportées un matin et, le soir elles étaient arrivées là où elles sont encore de nos jours.
Mon gendre, vaguement inquiet au sujet du « patrimoine » familial, exprima le désir de posséder au moins un de ces instruments. Comme il m’en restait une de taille disproportionnée par rapport aux autres je lui ai donnée. Elle ne ressemblait pas beaucoup aux autres du fait de sa taille et ne présentait que des signes d’usure tout relatifs. On comprend bien que, vu ses dimensions, il fallait, pour la manœuvrer, avoir les reins solides et de bons « biscotaux » !
Quelques années après l’apparition des faucheuses-javeleuses, la moissonneuse vit le jour sous la marque Mac Ormick (je ne suis pas sûre de l’orthographe) ou encore Derring, en provenance des Etats-Unis, qui, déjà, en ce temps-là, étaient en avance sur l’Europe, de bien des décennies. Il n’est pas sûr que lors de l’arrivée de la moissonneuse-lieuse en Europe, qu’en ce pays, (les Etats-Unis), la moissonneuse-batteuse, ne soit pas déjà utilisée !
La moisson se faisait donc avec cette nouvelle machine, mais on continuait cependant de faire le tour du champ pour dériver à la faux afin que les chevaux ne piétinent la récolte. Il ne fallait rien perdre. Les chevaux risquaient aussi de saisir les épis à pleines dents en passant et c’était pour cela qu’ils étaient affublés d’un panier en osier ou en grillage.
La moissonneuse-batteuse fit son apparition, à son tour, après la deuxième guerre mondiale. Il faut dire, en passant, que ces deux guerres ont beaucoup freiné l’évolution des moyens techniques et modernes.
A.D. 26-07-2008