Le 14 juillet
S’il est une fête qui a la vie dure, c’est bien le 14 juillet !
Quoique moins ancienne que les fêtes religieuses, personne, parmi les monarchies et les Républiques qui se sont succédées en France n’a osé s’y attaquer. Le lundi de la Pentecôte n’a pas eu cette chance, provoquant force discussions et…pagaille.
Personnellement, je pense que le 14 juillet se trouvant pendant les vacances, le supprimer aurait eu l’effet d’un coup d’épée dans l’eau.
Cette date nous ramène immanquablement à la Révolution et à la prise de la Bastille. Au fait, pourquoi le peuple s’en est-il pris à cette forteresse ? Je connais nombre de personnes qui se font une idée fausse quant à l’usage de cette prison. On pourrait penser que cette attaque avait pour but de libérer des malheureux qui y étaient détenus dans de terribles conditions, alors que la vérité est tout autre. S’il y avait bien des prisonniers en ses murs, ce n’étaient pas des pauvres gens du peuple.
Cette prison était, en réalité, destinée à des personnages de haute lignée et pour qu’ils ne soient pas trop « dépaysés », on leur accordait un régime de faveur, en rien comparable à la grande misère dans laquelle se débattait, tant bien que mal, plutôt mal que bien, le peuple français, d’où la colère des révolutionnaires.
D’autre part, si le 14 juillet est encore, de nos jours, fêté dans la liesse générale, ce n’est pas, comme on le croit souvent à tort, pour fêter, directement, la prise de la Bastille, mais, c’est en réalité la fête de la Fédération qui ayant eu lieu un an après, en à donné le coup d’envoi.
Il y eu bien sûr des interruptions, à commencer par la Terreur qui à duré plusieurs années après et il serait étonnant que le peuple français ait songé à faire la fête alors qu’en place de Grèves la guillotine n’avait pas le temps de refroidir.
Les guerres, ensuite, et Dieu sait s’il y en à eu depuis ! Ont forcément interrompu les festivités. A chaque fois, la paix revenue, le 14 juillet à toujours ressurgit dans l’euphorie du peuple rasséréné.
Venons en aux actuelles festivités. Elles commencent, généralement, le 13 au soir. A la nuit tombante, les cortèges sont formés pour participer à la retraite aux flambeaux avec cotillons, batailles de confettis et les inévitables pétards. La bruyante cavalcade s’étire à travers les rues des villes et villages, au grand dam des couche tôt, pour se rendre à l’endroit où doit être tiré le feu d’artifice.
Au retour au point de départ, des boissons chaudes ou fraîches sont servies à la population. Tandis que la nuit se prolonge au son des bals musette qui sont organisés sur les places, quand ce n’est pas à tous les coins de rues. Ces festivités ont surtout lieu dans les villes ou petits bourgs. Dans les petits villages, cela est moins fréquent.
Le jour du 14, avant les festivités, un hommage est rendu aux morts pour la France.
Après ralliement au bâtiment communal, un nouveau cortège, plus digne que la veille, celui-là, est formé pour se rendre au monument aux morts de la cité. Celui-ci est parfois remplacé, selon la modeste importance, de la commune, par une simple plaque de marbre fixée au mur de la mairie, l’église ou tout autre bâtiment communal.
Après avoir déposé une gerbe ceinturée du ruban tricolore au pied du monument ou de la plaque, lecture est faite, à haute voix, de la liste des noms gravés sur ceux-ci avec, répétée pour chacun la mention : « Mort pour la France ».
Le maire prononce une allocution rendant hommage à ceux qui ont fait le sacrifice de leurs vies au nom de la France, de leurs familles ou de leurs biens poussés en cela par les stratégies militaires qui les jetaient sous le feu du canon où ils tombaient comme des mouches.
Ici, je dois ouvrir une parenthèse, si, au sortir de la guerre de 1914, chaque ville ou village se devait d’ériger une stèle commémorative en souvenir de ses enfants tombés au Champ d’Honneur, il en existe un, cependant, qui, quoique ayant au milieu d’une esplanade située face à l’entrée de son château, une borne colossale d’une hauteur dépassant trente mètres, dont la couleur fait penser au grès des Vosges, rappelant au passant que sur son territoire sont tombés de nombreux soldats au cours des furieux combats qui s’y sont déroulés le six septembre 1914, cette commune n’a pas eu à ériger de monument aux Morts, pour la bonne raison qu’il n’y en a pas eu parmi sa population qui avait pourtant vu partir tout ses hommes à la guerre et qu’heureusement, tous sont revenus. Vous avez deviné, il s’agit, bien sûr du petit village de Mondement. Je me suis laissé dire qu’il était le seul en France à avoir ce privilège.
Encore un mot sur les cérémonies du 14 juillet : si elles évoquent le souvenir des victimes des deux dernières guerre mondiales, à qui rendait-on hommage avant ces conflits ? Il serait intéressant du connaître la réponse que ma modeste érudition ne me permet pas de savoir. Je regrette de n’avoir pas suffisamment « cuisinés » les anciens très nombreux à Oyes ces dernières années encore et qui avaient connu « l’avant 14 ».
Pour en revenir à notre 14 juillet, après ces cérémonies, la population se rend près de la mairie où sur la place municipale pour faire honneur au goûter offert par la municipalité. Généralement, ce goûter se compose de la « rondelle » ( de saucisson ) de fromage et, selon l’importance de la localité, de pâtisseries et autres friandises.
La boisson est composée de vin, rouge ou rosé, de jus de fruits, d’eau ou de limonade.
Si le goûter commence dans une ambiance bon enfant, il à quelquefois du mal à se dérouler dans cette saine atmosphère jusque la fin. Le soleil tape dur et parfois l’orage gronde et pas seulement dans le ciel. Les quelques « canons » délient les langues et pas toujours de façon très aimable.
Il arrive parfois que le maire est obligé d’intervenir au risque de se faire bousculer sous les yeux des spectateurs médusés. Si certains sont offusqués, les autres rient sous cape devant le ridicule de la situation.
Généralement, les enfants ne sont pas oubliés, après avoir dévoré les friandises qui leur ont été distribuées, souvent des jeux sont organisés à leur intention. Ce n’est pas toujours le cas, malheureusement et on s’étonne quand il y à des bétises de faites.
Comme je l’ai mentionné précédemment, dans certains villages, le feu d’artifice n’est parfois tiré que le 14 au soir ce qui donne l’occasion de se rassembler de nouveau pour une dernière veillée qui se termine par une soupe à l’oignon.
Voici, en gros ce je peux dire au sujet de la fête populaire et nationale qui risque de s’essouffler avec les générations futures. On sent déjà un désintéressement, surtout au cours des cérémonies où les rangs s’éclaircissent un peu plus, chaque année.
2007 / 01 / 14 A.D.